7. La préfixation en « s- » de la racine chamito-sémito-indo-européenne

« La racine chamito-sémito-indo-européenne », publié en mars 2014, expose le mode de construction unique de la totalité des termes lexicaux des cinq langues étudiées, en dépit des très grandes différences lexicales et phonétiques de ces langues : famille chamito-sémitique (égyptien hiéroglyphique (é.-h.), hébreu, arabe), et famille indo-européenne (i.-e.) (latin, grec). Le système de construction repose sur l’existence originelle d’éléments binaires (« étymons »), associant toute consonne (initialement dotée d’un contenu sémantique propre, par « motivation phonémique »), à la consonne occlusive glottale notée « 3 » (correspondant au « alef » chamito- sémitique, seul phonème de double sens). Tout étymon (ou son inverse, de même sens en raison de la motivation phonémique) peut créer, seul, un grand nombre de mots, ou être assemblé avec d’autres étymons (mais de sens connexe ou synonyme), pour constituer un radical, reprenant le sens de ses étymons constitutifs, tout en améliorant la différenciation lexicale : ainsi, la racine triconsonantique sémitique est une « norme » d’assemblage de trois étymons avec des exceptions.

Dans toutes ces langues, on constate qu’un radical peut parfois s’enrichir d’un préfixe « s-« , nommé « s- mobile », ou « σ- initial » en i.-e., où il reste de nature inconnue. Benveniste écrit d’ailleurs en 1935 (« Origines de la formation des noms en indo-européen »), à propos des racines de schème apparemment quadrilitère à « s + consonne », mais où la sifflante est instable : « il semble donc assuré que, dans les cas où une analyse précise est possible, le flottement de la sifflante initiale marque que celle-ci n’appartient pas à la racine. On ne saurait dire encore à quelle fonction répond la préfixation de s- : renforcement ? différenciation de racines homophones ? préfixation véritable ? En tout cas, le fait que s- ne fait pas partie intégrante de la racine dissipe l’apparence de nombreux quadrilitères, qui représentent des racines trilitères préfixées par s-« . Or, l’é.-h. attestant l’existence d’un préfixe « s- » de nature causative, il était nécessaire de vérifier cette situation sur la racine chamito-sémito-indo-européenne, en faisant appel à ses principes pour tenter de déterminer la structure et le fonctionnement de ce préfixe.

Tout étymon peut normalement opérer sur jusqu’à 18 « secteurs sémantiques » différents, selon le sens de « 3 », et la causalité s’exprime généralement sur les deux secteurs « aller, courir » (motif, impulsion) et « prendre, atteindre » (finalité, objectif), d’où l’étymologie de Gr. αιτια et Lat. causa « cause ». Mais la motivation phonémique originelle, adaptée au déplacement des premiers locuteurs en continuelle migration, indique que le phonème « s » (fricative alvéolaire non voisée) traduit une allure de déplacement plus rapide que la dentale double « t » (devenant « t », ou « θ », phonèmes non voisés), elle-même plus véloce que l’autre dentale double « d » (devenant « d », « δ », ou « z », phonèmes voisés): tout comme les labiales (« f » non voisé, devant « p » (id) puis « b » voisé), les vélaires-uvulaires (« k » et « x » non voisés, devant « q » (id) puis « g » voisé), ou les pharyngales- glottales (pharyngale « h » non voisée, devant pharyngale « ayin » voisée puis glottale « H » voisée). L’étymon « normal » « s3 » (« 3s ») peut alors devenir « causatif » sur le secteur « aller, courir », en raison du choix de « s », impliquant une grande rapidité de réaction entre cause et action produite.

Le document présente de nombreux exemples de termes causatifs construits avec « s3 » (« 3s »). Le sémitique apporte une contribution essentielle pour l’étude de la vocalisation de l’étymon : en effet, l’occlusive glottale « 3 » se transpose généralement en la voyelle de tout timbre qu’elle porte, mais peut s’amuïr totalement (schwa silencieux hébreu, ou soukoun arabe). Il en est de même en i.-e. (cf. Lat. scribo / Gr. γραφω), et, lorsque le premier étymon du radical commence par « 3 », la préfixation en « s3 » génère une « suite 3-3 », se traitant de la même manière qu’une désinence grammaticale (cf. « Désinences grammaticales. Théorie des laryngales et théorie de la racine »), ou qu’à l’intérieur du radical (cf. « La racine chamito-sémito-indo-européenne »), avec formation de voyelle longue, diphtongue, infixe nasal, géminée, ou abrégement vocalique.

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