11. Lexique indo-européen et racine chamito-sémito-indo-européenne

Le lexique indo-européen (i.-e.) présente des termes très variés, dont l’articulation phonétique est propre à chaque langue : 22 phonèmes en grec archaïque, 21 en latin archaïque, 36 pour l’arménien originel, env. 36 consonnes pour transcrire les langues indiennes. Cependant, malgré son extrême diversité, la totalité de ce lexique a été construite selon la même méthode qu’en sémitique (hébreu, arabe) et chamitique (égyptien hiéroglyphique (é.-h.)). L’étude comparative a été engagée pour vérifier les traces éventuelles d’un mythe préhistorique relatif au nom des nombres, cycle de base 5 envisagé en i.-e. (avec l’appui des rituels religieux, ou des calendriers antiques), puis confirmé par une peinture rupestre en 5 épisodes du Tassili n’Ajjer algérien.

L’é.-h. indique le mieux la méthode : ses 24 consonnes (phonèmes préhistoriques) forment des radicaux, en majorité de deux ou trois consonnes, parfois interverties sans modification du sens. En effet, ces radicaux sont constitués par des éléments biconsonantiques signifiants (« étymons ») associant toute consonne à la consonne occlusive glottale (« coup de glotte »), de double sens, et notée « 3 » en é.-h. (double alef ᵓ). Les 23 autres consonnes, disposant elles-mêmes d’un contenu sémantique spécifique (par « motivation phonémique » originelle, sauf « m » et « n »), génèrent donc 46 étymons morphologiques (inverses de même sens), opérant sur 18 « secteurs sémantiques » composant tout le lexique (incluant donc 828 étymons sémantiques théoriques). Tout radical résulte d’un seul étymon ou de l’assemblage de deux ou trois d’entre eux (alors quasi-synonymes ou de sens connexe, « 3 » souvent implicite dans l’écriture), formant ainsi une sorte de pléonasme.

Cette organisation est indépendante du système phonétique de chaque langue, car tout phonème de cette langue correspond à l’un des 24 é.-h. : ainsi des 28 phonèmes arabes, qui « enrichissent », par des phonèmes additionnels, mais dérivés, les 22 phéniciens (et paléo-hébraïques), adaptés par le grec archaïque. La « racine chamito-sémito-indo-européenne » mise en évidence justifie aussi bien la racine triconsonantique sémitique (« norme » de trois étymons, avec des exceptions), que la racine i.-e. proposée en 1935 par E. Benveniste (CVC) : les deux consonnes C sont celles de deux étymons, et la voyelle V naît de la « suite 3-3 » créée par l’assemblage du premier étymon (terminé par « 3 »), et du second (commençant par « 3 »). En effet, le phonème « 3 » (coup de glotte) se transpose en toute voyelle qu’il porte : longue ou brève en sémitique, mais toujours brève en i.-e., où une « suite 3-3 » génère cinq résultats possibles (voyelle longue, diphtongue, voyelle brève, ou, par compensation phonétique, infixe nasal ou géminée). Des étymons signifiants forment aussi, tels des « marqueurs », toutes les désinences grammaticales (verbales, nominales).

L’étude reprend le Dictionnaire de la Création Lexicale, qui propose de retracer la construction des termes lexicaux i.-e. (et sémitiques), dont les étymons des radicaux associent le phonème « 3 » à toute consonne répondant à l’un des 23 autres phonèmes é.-h., d’origine préhistorique :

  • deux semi-consonnes « j » (« y »), « w », et liquide « r » (« l »), opérant comme « variateurs » d’intensité
  • deux consonnes semblant sans signification particulière : nasales (m, n)
  • 18 consonnes évoquant, comme des « signaux », le déplacement dans une végétation vierge, car sans chemin déjà tracé (condition permanente des locuteurs-créateurs avant le Néolithique) :
    • 7 consonnes dentales et associées : coronales (d, t, s, z, s) , affriquées (dt)
    • 5 consonnes fricatives pharyngales (h, ‘ayin) et associées : glottale (H), dorsales (ç, x)
    • 3 consonnes labiales (b, p, f) et 3 consonnes occlusives dorsales (g, k, q).

Les 9 phonèmes voisés (d, d, z, s, ç, H, ‘ayin, b, g) évoquent une allure de marche plus lente (car « lourde » et « chargée ») que les 9 non-voisés (t, t, s, h, x, p, f, k, q). Les 24 phonèmes opèrent sur tous les autres « secteurs sémantiques », par le jeu continuel de métaphores et le double sens de « 3 ». La motivation phonémique mise en évidence montre ainsi que toute consonne révèle une « image phonémique » qui nuance et colore le postulat saussurien de l’arbitraire du signe.

1ère partie publiée le 1er mars 2019:

Version partielle publiée le 1er mars 2020:

Version complète, publiée le 1er mars 2021: