Quatre études précédentes ont déjà mis en évidence l’application du mythe du nom des nombres (cycle de base 5, enchaînant les 5 épisodes du cycle de la sève, déjà figurés sur une peinture rupestre du Tassili) : « Construction de l’alphabet phénicien et de ses dérivés (racine chamito-sémito-indo-européenne) » (2018), « Origines du nom des cinq planètes dans l’Antiquité : mythe du nom des nombres » (2022), « Origine du Zodiaque (mythe du nom des nombres, calendrier indien) » (2023), et « Les décans égyptiens (mythe du nom des nombres, calendrier égyptien) » (2024). Ce mythe explique les noms des nombres (actuellement considérés « immotivés ») par des métaphores des 5 épisodes, aussi bien en égyptien hiéroglyphique (é.-h.) qu’en sémitique et indo-européen (i.-e.), selon l’organisation de la racine chamito-sémito-indo-européenne : assemblage d’étymons signifiants de sens connexe, qui associent toute consonne à l’occlusive glottale notée « 3 » en é.-h. (pour double alef ᵓ), de double sens (par la motivation phonémique originelle, analysée avec les correspondances entre les phonèmes des familles linguistiques). Le mythe a été utilisé pour nommer, de façon logique, tous les composants d’un enchaînement (ainsi les 22 signes phéniciens, 5 « étoiles mobiles » de l’Antiquité, 12 « Signes du Zodiaque » et 28 « astérismes lunaires » indiens, 36 « décans réguliers » égyptiens), et donc les 12 mois lunaires s’enchaînant dans tout calendrier luni-solaire, comme la présente étude le rappelle pour Rome.
La même analyse s’étend aux calendriers antiques d’Athènes, Milet et Délos, totalisant 22 noms de mois. Le calendrier de 12 mois de chaque cité montre trois cycles de base 5 (3ème incomplet) : trois mois de rang 1, trois mois de rang 2, deux mois de rang 3, deux mois de rang 4, et deux mois de rang 5. Mais l’ordonnancement originel ne peut être retrouvé, en raison de perturbations continuelles : introduction périodique d’un mois intercalaire devant accorder les cycles lunaire (29,53 jours) et solaire (365,24 jours : 12,36 lunaisons), différents cycles annuels réduisant les décalages incessants, et même manipulations décidées à des fins politiques. Ces calendriers ont ainsi connu plusieurs états successifs, dans un grand désordre raillé par Aristophane et Aristote. L’étude indique pourtant que, comme à Rome, les 12 mois du calendrier d’Athènes sont bien régis par les 5 rangs du mythe, de même pour Milet (dont 6 mois sont communs avec Athènes), et Délos (dont 4 mois sont communs avec Athènes, et 4 mois avec Milet). Les mois ont souvent pris le nom de divinités, ou d’épithètes, ou de fêtes religieuses les concernant, ce qui permet, grâce à la détermination du rang des mois dans le calendrier, d’expliquer l’origine et le sens des théonymes (et les fonctions divines originelles), par les étymons constitutifs de leur radical.
Les radicaux justifient le Thème I et le Thème II du modèle de racine i.-e. de Benveniste de 1935, mais sont parfois morphologiquement identiques (homophones), car les étymons opèrent sur jusqu’à 18 secteurs sémantiques : l’interprétation des jeux de radicaux se fait alors par l’incidence de la motivation phonémique (double sens de « 3 », consonnes voisées / non-voisées), et par l’arbitrage du mythe du nom des nombres, fil conducteur dans le labyrinthe des radicaux. De nombreux parallèles sont mis en évidence, avec Rome (Martius / Αρησιων à Délos, car Mars et Arès évoquent le rang 1 : sève disparue), l’Inde (Bhadrapada / Ανθεστηριων à Athènes et Milet), et l’Egypte. Les déesses vierges Artémis et Athéna évoquent le rang 2 (élan de la sève), mais aussi le rang 4 des déesses mères (naissance et croissance des fruits, dont la métaphore est l’accouchement du 4ème épisode de la peinture rupestre du Tassili), car elles emplissent de sève, au lieu de lait (« glissement rang 2 / rang 4 », comme Neith, Hathor, Ouadjet ou Nephthys en Egypte). Le mois Γαμηλιων à Athènes (rang 3) est lié au 3ème signe phénicien (gimel, Gr. γαμμα, d’où Gr. γαμεω = « faire l’amour », considéré d’origine inconnue), car la copulation du 3ème épisode de la peinture rupestre est la métaphore de la fécondation des fruits. Καλαμαιων à Milet (chaume du blé, glaner) est de rang 5 : la tentative de rapt du 5ème épisode de la peinture est la métaphore de la cueillette-rapt, devenue moisson, afin de rassasier (sujet, ou raison du mythe).